L’imposante embarcation, désormais vide, est ballottée par des vagues de près de 2 mètres. Le SNS 086 tourne autour en arrosant la coque pour la refroidir. Pendant ce temps, l’hélicoptère de la Marine nationale a déposé les deux naufragés à terre. Il est de retour avec deux marins-pompiers, qui sont descendus sur le Kraaijenest 2. Mais l’important roulis et la fumée qui s’échappe des moteurs rendent l’exploration du bateau de 21 mètres difficile. Les militaires demandent de l’aide aux Sauveteurs en Mer pour déployer une motopompe et installer les lances à incendie. L’un d’eux les rejoint. « Nous étions cinq, mais il fallait que certains restent à bord en cas de problème sur le canot », précise Arthur Marest.
Le feu couve toujours quelque part, mais impossible d’en repérer l’origine. Les pompiers ne réussissent pas à localiser l’accès à la salle des machines. « Nous n’avions pas les plans du bateau, relate le patron du SNS 086. Cela a beaucoup compliqué les choses. » Il est environ 10 h 30 quand deux autres marins-pompiers sont déposés à bord, équipés notamment d’une caméra thermique. Mais le vent souffle à près de 40 km/h, le Kraaijenest 2 est balloté par la houle et de la fumée continue d’en saturer l’intérieur.
Arthur Marest propose de tracter le yacht afin de le stabiliser en le faisant avancer face aux vagues. Trente minutes plus tard, la remorque est passée. Qui plus est, les opérateurs du CROSS sont parvenus à contacter l’armateur du Kraaijenest 2, qui leur a envoyé les plans du navire. Les marins-pompiers – désormais six – peuvent enfin localiser l’accès aux moteurs. « Il fallait entrer dans une cabine, puis dans la douche, où un panneau donnait accès aux machines », s’étonne encore Arthur Marest.
Les marins-pompiers ont longtemps cherché l’accès à la salle des machines, qui se trouvait dans une cabine de douche © D.R.
L’Abeille Liberté à la rescousse
Il y a bien des flammes dans la salle des moteurs, mais elles ne se propagent heureusement pas. En revanche, l’espace est noyé dans 40 centimètres d’eau. Des arcs électriques se forment partout car le courant n’est pas coupé. Estimant la situation périlleuse, les marins-pompiers font marche arrière.
La situation du Kraaijenest 2 étant stable, il est décidé de le remorquer jusqu’au port Chantereyne, à Cherbourg. Il sera plus facile d’intervenir une fois le bateau à quai. Il est 13 heures et le SNS 086 débute un long périple à la vitesse de 5 nœuds. Il est rejoint sur sa route par l’Abeille Liberté. L’impressionnant remorqueur de secours place ses 80 mètres de long et 16 mètres de haut au vent du convoi, lui permettant d’être moins soumis au mauvais temps.
Entre-temps, l’armateur du Kraaijenest 2 a communiqué au CROSS l’emplacement des coupe-batteries et l’incendie dans la salle des machines a été éteint. Mais il y a toujours un risque que les conditions s’enveniment. À l’approche du port, les autorités éloignent les autres bateaux du convoi jusqu’à ce que le SNS 086 arrive à quai, vers 17 heures, sans encombre. « Toutes les conditions étaient réunies pour que ça se termine mal, concède Arthur Marest. Heureusement, cela n’a pas été le cas. »
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